L’ÉDUCATION: UN MONDE EN ÉVOLUTION

mercredi 15 octobre 2014

Le potentiel d'Antidote


Mon dernier billet portait sur la pertinence du traitement de texte dans le processus d’écriture. Récemment, nous avons eu la chance d’assister à une formation concernant l’utilisation d’Antidote. Mon article d’aujourd’hui traitera donc de ce logiciel de correction, qui est un produit canadien, soit dit en passant, pouvant s’utiliser avec Word pour améliorer l’efficacité de la démarche d’écriture à l’ordinateur. Cet outil virtuel comprend un correcteur qui facilite le repérage des erreurs de grammaire et d’orthographe, ainsi que différents dictionnaires et guides linguistiques. Ainsi, par sa polyvalence, il peut aussi bien être profitable pour un usage personnel que pour un usage pédagogique et didactique.


Pour commencer, en quoi le logiciel Antidote peut-il aider dans le travail d’un rédacteur habile? En fait, il va sans dire qu’Antidote peut être d’une aide considérable pour ce qui est de la révision et de la correction des écrits. Bien sûr, un scripteur expérimenté s’en servira probablement davantage comme outil de référence et de validation. Par exemple, pour ma part, en tant qu’étudiante à l’université, une fois mes textes terminés et relus, j’applique le correcteur Antidote pour qu’il détecte les coquilles que j’aurais pu y laisser. De plus, lorsque j’ai des interrogations, au cours de mes rédactions, les dictionnaires et les guides d’Antidote me permettent de trouver l’information que je cherche de façon simple et rapide. Ce que je trouve intéressant aussi avec le logiciel, c’est qu’il souligne les anglicismes, les faux amis, les québécismes et les paronymes. Ainsi, il attire mon attention sur certaines informations et me fait douter concernant l’usage de certains mots que je n’aurais pas nécessairement pensé à vérifier dans le dictionnaire.




 

Toutefois, l’utilisation qu’un étudiant universitaire ou un enseignant fera du logiciel sera sans doute différente de celle qu’en feront des élèves du secondaire : nous, nous nous en serviront probablement davantage pour vérifier et enrichir nos rédactions (ex. recherche de synonymes et de termes plus précis) tandis que les élèves le verront peut-être davantage comme une béquille pour la correction et se limiteront à ce seul usage. En effet, en tant qu’adultes, nous pouvons supposer que nous avons plus de stratégies par rapport aux jeunes et nous auront possiblement plus tendance à creuser pour exploiter le plein potentiel de cet outil, sans compter que nous sommes plus enclins à porter un jugement critique par rapport aux corrections proposées. Les élèves, eux, peuvent être tentés d’accepter directement les corrections, sans vraiment lire les explications et considérer le contexte de leur texte, d’où l’importance de les outiller convenablement pour qu’ils profitent au mieux de l’outil. Bref, pour un scripteur habile, je crois qu’Antidote peut s’avérer bénéfique pour améliorer ses écrits, pour vérifier si des fautes ont été laissées dans ceux-ci et pour nous faire remarquer certains éléments qu’on ne voit pas toujours (ex. anglicismes, barbarismes, usages propres au Québec, etc.). Les guides et dictionnaires peuvent aussi nous accompagner tout au long de l’écriture : Antidote sert à la fois de dictionnaire de langue, de dictionnaire des synonymes, de dictionnaire des cooccurrences, de grammaire, de conjugueur, etc., sans compter qu’il tient compte de l’orthographe rectifiée.



Du côté pédagogique, je dirais qu’Antidote a aussi un grand potentiel. En effet, je pense qu’il peut permettre une pédagogie différenciée. D’abord, il est intéressant pour le doute orthographique : le logiciel souligne les erreurs aux élèves et leur propose des explications et des corrections qu’ils sont libres d’accepter ou non, ce qui incite à la réflexion. L’élève se retrouve alors en action et devient plus autonome par rapport à la révision de ses rédactions: il n’attend pas seulement que sa copie lui revienne corrigée par son enseignant, mais il s’implique lui-même dans la correction de son texte grâce au processus d’autocorrection dirigée, si je peux dire, qu’offre le logiciel. De plus, les explications que fournit le logiciel sont assez claires et complètes et peuvent permettre à l’élève de se questionner et d’apprendre certains éléments que l’enseignant ne lui aurait même pas mentionnés, car souvent Antidote donne des informations sans qu’il n’y ait nécessairement de faute. Il faut aussi tenir en compte que la correction est souvent une étape peu appréciée par les élèves. Combien manifestent-ils leur entrain à vérifier l’orthographe des mots dans le dictionnaire ou à chercher des explications dans la grammaire? Force est de constater que certains jeunes sont réticents à utiliser les gros dictionnaires en version papier : ceux-ci peuvent leur sembler imposants et difficiles d’usage, puisque l’information y est rassemblée de façon souvent condensée à travers de petits caractères. Ainsi, avec les dictionnaires virtuels, la recherche est simplifiée : il suffit d’entrer le mot recherché pour y être dirigé automatiquement. Les élèves peuvent alors y voir un aspect dynamique et stimulant par rapport à la correction traditionnelle, surtout que les garçons sont souvent motivés par l’utilisation de l’informatique.




 

Pour ce qui est de l’aspect didactique, je crois que le logiciel peut aider à animer des leçons et être intégré dans des activités d’apprentissages. Par exemple, il pourrait être bien de l'utiliser pour enseigner des notions comme le champ lexical, les synonymes, les classes de mots, la ponctuation, les cooccurrences, etc. En effet, Antidote peut servir de support intéressant et favoriser la participation des élèves. De plus, l’enseignant peut voir à se concentrer davantage sur la correction du contenu et de la cohérence du texte, puisque les erreurs grammatiques et lexicales, elles, peuvent être détectées et justifiées (en partie) par le logiciel. Aussi, comme je l’ai déjà mentionné, Antidote tient compte des rectifications orthographiques et ces dernières sont expliquées dans la section « guide ». Un enseignant peut donc diriger les élèves pour qu’ils trouvent eux-mêmes des réponses à leurs questions concernant la nouvelle orthographe. Bref, Antidote peut accompagner l’enseignant et servir à créer des activités éducatives.


 

Finalement, la formation que nous avons reçue m’a permis de prendre conscience du plein potentiel qu’offre Antidote. En effet, en plus de jouer le rôle de correcteur, ce logiciel peut devenir un outil pédagogique pertinent : il permet de réviser des textes, mais aussi de faire découvrir du vocabulaire, de chercher des mots de même famille, de travailler le genre et les classes de mots, etc. Bien sûr, il est important d’apprendre aux élèves à l’utiliser correctement en leur montrant à analyser les correctifs proposés et à faire des choix éclairés et réfléchis, car Antidote demeure un logiciel informatique qui ne prend pas en considération le sens des mots et des phrases, c’est pourquoi il faut l’utiliser en supplément à notre propre méthode de correction, et non s’y fier aveuglément pour corriger la totalité de notre texte : il devrait plutôt servir à titre d’accompagnateur dans la rédaction et de vérificateur pour la détection des erreurs. Un grand avantage d’Antidote est qu’il regroupe vraiment un ensemble complet d’outils aidant à la rédaction (nombreux dictionnaires, grammaire, etc.), ce qui peut possiblement palier le manque d’ouvrages papier nécessaires et à jour dans les classes au secondaire. Je terminerais en soulignant qu’Antidote est un outil précieux dont le potentiel est énorme pour un tout utilisateur consciencieux.



1 commentaire:

  1. Par ce billet, tu présentes une analyse « consciencieuse » des possibilités d’ Antidote. Tu résumes bien ta pensée sur le rôle que devrait jouer ce correcteur : « servir à titre d’accompagnateur dans la rédaction et de vérificateur pour la détection des erreurs».

    Tu sembles avoir beaucoup d’idées didactiques, par les exemples que tu donnes. On remarque que tu le considères comme un « support intéressant » pour inciter les élèves à participer. Ce devrait être aussi la vision des enseignants face aux logiciels en général : des outils pour supporter l’enseignement.

    Belle prise de conscience !

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